Langue des signes avec les jeunes enfants

Publié le 26 février 2019 dans Enfance et parentalité

La langue des signes permet à l'enfant de s’exprimer, d’être mieux et plus vite compris, d’acquérir confiance en lui et autonomie.

 

Article paru dans la Lettre des assistants maternels n°49 - décembre 2018, réalisée conjointement par le Département et la Caisse d’allocations familiales (Caf) de l’Ain - Accéder aux numéros du magazine

Les signes sont des mots en images

Tout comme un bébé se déplace naturellement à quatre pattes avant de savoir marcher, il va s’exprimer par gestes avant de savoir parler.  Issu de la LSF (langue française des signes), le langue des signes  adapté aux tout-petits est un outil pratique et ludique pour faciliter et enrichir la communication avec l’enfant.

La capacité d’imiter les gestes apparaît chez l’enfant vers six mois.  Proposer un signe associé à un objet, une action, va lui donner l’envie de le reproduire. Images des mots, les signes vont lui permettre  d’exprimer ses désirs, ses besoins. Mieux et plus vite compris par l’adulte, il est moins sujet aux frustrations, cris et pleurs. Pouvoir exprimer ce qu’il voit, ressent, veut, fait, développe sa confiance en lui, son autonomie, facilite sa relation à l’autre et exerce aussi sa  motricité des mains et des doigts. L’enfant est acteur et non plus spectateur.

Comment le mettre en pratique ?

La langue des signes peut accompagner tout moment du quotidien, les comptines, les histoires… Il n’est pas un apprentissage mais une proposition faite à l’enfant, libre à lui de s’en saisir ou pas.
À quel âge débuter ? Vers six mois, âge où débute l’imitation et où sa mémoire est suffisamment développée. Introduire peu de signes  au départ – les mots-clés reflétant ses besoins et émotions – et signer régulièrement. Se mettre face à lui, bien dans son champ de vision,  dire le mot en même temps. Adopter l’expression faciale appropriée : ne pas sourire pour montrer la peur ! Au fur et à mesure que l’enfant grandit, introduire de nouveaux signes.

Du langage gestuel au langage parlé

En développant ses capacités d’apprentissage, la langue des signes  accompagne l’enfant dans son acquisition du langage oral. L’enfant  qui communique efficacement en signant ne perd pas l’intérêt pour la parole : il abandonne naturellement les signes lorsqu’il accède à l’oral  et énonce clairement les mots.

langage des signes - exemples

Signer sans parler ne sert à rien

Les signes sont « une communication gestuelle associée à la parole ».

« On ne signe que les mots importants dans la phrase, par exemple boire et eau », explique Florentine Piazza, assistante maternelle à Beynost. « Signer sans parler ne sert à rien : c’est parce que l’enfant entend le son du mot et voit le signe en même temps que son cerveau va le retenir. L’adulte ne comprend pas forcément l’enfant qui pleure ; si le bébé signe son besoin, il va le comprendre tout de suite. C’est moins frustrant pour tout le monde. »

Florentine explique aux parents tout nouveau signe acquis par l’enfant. Maman de Clara, Tatiana Daussin ne regrette qu’une chose : « que ma fille n’ait pas appris plus tôt. Quand elle a commencé, elle savait parler ; ça l’aidait quand elle ne savait pas bien dire un mot ou pour se comprendre avec les plus petits. Elle est plus ouverte au handicap aussi. C’est enrichissant. »

Élodie Collon, maman d’Ilana, reconnaît avoir été réticente au début, craignant que les signes ne retardent l’oralité. « Mes craintes ont vite été dépassées ! À 2 ans, Ilana signait déjà beaucoup de mots : papa, maman, gâteau, chocolat… Quand elle voulait quelque chose, je savais tout de suite ce qu’elle attendait. L’oral a suivi. Les signes sont comme une langue universelle, dommage qu’elle se perde ensuite à l’école. »

L’enfant peut montrer qu’il a sommeil, chaud, soif...

Assistante maternelle à Montluel, Solange Leduc a suivi les ateliers proposés par le relais : « Depuis, je signe avec les petits, à partir de 9/10 mois. Le climat est incomparable en termes de sérénité, de gestion des émotions ! Ils peuvent demander de l’eau, montrer qu’ils ont sommeil, chaud… Le signe qu’ils ont tous fait en premier,  c’est “encore”. Les enfants sont curieux de pouvoir nommer les choses. Je signe tout : l’heure, la météo, les couleurs, les aliments… Signer les met dans une dynamique de communication. »
Les parents apprécient la démarche. Adeline Valent, maman d’Augustine, souligne : « C’est vraiment top ! L’enfant n’est plus bloqué par la parole qu’il n’a pas encore, ça a permis de se  omprendre plus tôt avec Augustine. Elle est assez “virulente” : sans les signes, elle aurait certainement plus pleuré. Je les ai expliqués aussi à ses grands-parents. Elle a eu très vite aussi la notion du s’il te plaît, merci ; les autres parents sont toujours surpris. Maintenant,  elle sait dire merci et ne le signe plus. » Adeline a hâte que le petit frère signe aussi.

[magazine] Lettre des assistants maternels de l’Ain

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