Rester parent après la séparation
Guide pratique Vivre sa séparation dans l'Ain
A destination des parents aindinois séparés, ce document vous aide à trouver les services et les accueils dans le département de l’Ain pour vous accompagner dans vos démarches :
Sommaire
- Déclarer sa séparation
- Connaître ses droits
- Être accompagné dans ses démarches et trouver un mode de garde
- Trouver de l’aide alimentaire ou matérielle
- Trouver un logement
- Être accompagné dans sa relation avec l’autre parent
- Un soutien psychologique ou de santé
- Être soutenu à domicile ou rompre la solitude
- Je suis victime de violences
Ce numéro 7 est consacré à la grande étude sur les familles monoparentales, menée dans l’Ain en 2019 avec un regard particulier sur les liens entre l’enfant et le parent qui n’en a pas la garde principale.
Retrouvez dans cette page :
Statistiques nationales
3,4 millions d’enfants vivent dans une famille monoparentale.
¼ vivent aussi une partie du temps chez leur autre parent.
¾ ne résident chez leur autre parent que de façon irrégulière, parfois très espacée du fait par exemple d’un éloignement géographique.
La résidence alternée concerne 16% des familles séparées avec enfants.
Il y a 2 millions de familles monoparentales en France métropolitaine.
1 million de ces familles sont composées d’1 parent+ 1 enfant
1 famille avec enfant(s) sur 4 est une famille monoparentale (en 2016, en France métropolitaine).
Statistiques de la Caf de l'Ain
14 000 familles monoparentales
91% sont des femmes avec enfants
9% sont des hommes avec enfants
25 000 enfants vivent dans une famille monoparentale dans l’Ain.
4 400 parents en situation de monoparentalité environ perçoivent l’allocation de soutien familial dans l’Ain.
Enquête : 14 000 familles monoparentales de l'Ain en 2018
Qui sont les familles monoparentales de l’Ain ? Que deviennent les liens entre les enfants et le parent qui ne vit plus quotidiennement avec eux ?
La Caf et l’observatoire départemental de la parentalité de l’Ain ont initié une étude qui a été conduite avec Catherine Sellenet, professeure en sciences de l’éducation. Elle a rendu son rapport, passionnant, cet automne. Il débouche sur des pistes d’action pour faciliter le quotidien des familles et les relations entre enfants et parents.
Comment définir la Monoparentalité ?
Catherine Sellenet – Professeure des Universités en Sciences de l’Education, Université de Nantes.
« Il y a toujours eu des parents qui ont élevé seuls leurs enfants. Le mot « monoparentalité » reflète aujourd’hui des situations très diverses : parents séparés, veuves ou veufs, père ou mère
n’ayant jamais vécu avec l’autre parent…
Aujourd’hui les sociologues préfèrent d’ailleurs parler de familles « bifocales », losqu’elles font suite à la séparation ou au divorce du couple de parents. Ces familles ont deux pôles distincts plutôt qu’un pôle.
Le terme de coparentalité a aussi été inventé. Ce joli terme suppose une alliance entre les deux parents, généralement difficile à mettre en place et à vivre. Quand le couple est en conflit, la co-parentalité aussi ! »
Ce que dit l’enquête départementale auprès de 1590 familles :
- presque 2 enfants sur 5 ne voient plus l’autre parent.
- 1 enfant sur 10 voit l’autre parent 1 fois/mois ou 1 fois/trimestre.
- 1 enfant sur 2 voit l’autre parent une semaine sur deux ou toutes les semaines.
- 48% des parents disent se « sentir bien »,
- 44% des parents se sentent vulnérables et souffrent de se sentir seuls.
Monoparentalité, de quoi parle-t-on ?
Le nombre de familles monoparentales a fortement augmenté en 35 ans : près d’un quart des familles aujourd’hui. Dans l’Ain, ça concerne près de 25 000 enfants et jeunes. Derrière les chiffres, les situations sont bien différentes : des pères et mères élèvent seuls leur(s) enfant(s) à la suite du décès de l’autre parent (6%). Des mères ont eu des enfants sans avoir vécu en couple. Et dans la majorité des cas, la vie commune s’est terminée par une séparation ou un divorce.
La pauvreté pour 1 famille sur 5
Pas de mystère : le niveau de vie des familles monoparentales est inférieur d’un tiers à celui des autres familles (en moyenne bien sûr). En tenant compte des ressources complémentaires (allocations, aides sociales…), 1 famille monoparentale sur 5 vit en-dessous du seuil de pauvreté dans l’Ain.
Même constat à la Caf : plus de la moitié des familles monoparentales allocataires ont de bas revenus (revenu équivalent à moins de 1071 € pour un adulte).
Extraits des entretiens menés pour l’étude avec des parents solos dans l’Ain
Quand on est parent solo, 3 clignotants sont à surveiller :
1 - le risque pour le parent de mettre entre parenthèses sa vie personnelle et affective, noyée sous la charge quotidienne. « Quand t’es seule avec ton gamin et que tu travailles, tu ne fais plus rien d’autre. Tu rentres chez toi le soir, tu fais à bouffer, tu t’occupes de ton gamin et tu vas te coucher. Le weekend, ménage et courses. De fait, tu n’existes pas et ça c’est quelque chose qui me révolte. »
2 - le risque de se replier sur le couple mère-enfant. « Je n’ai pas eu de vie pendant longtemps, c’était d’abord mon gamin. On a été très fusionnels pendant très longtemps puis à un moment j’ai trouvé que c’était trop. A 10-12 ans, donner la main à sa mère dans la rue, rester scotchée contre elle dans le canapé le soir… à un moment ça m’a gênée. Je lui ai expliqué et maintenant ça va bien. »
3 - le risque de faire peser une charge trop lourde sur les plus grands. « Je suis partie avec rien, zéro argent en poche, cinq enfants, tout à faire... Mon fils aîné a joué un rôle majeur auprès de moi, comme pilier, et aussi pour sa soeur malade. Il a été d’une très grande maturité et d’une très grande intelligence. » « Le petit, ça fait à peine un an et demi qu’il sait faire ses lacets, avant c’était son grand frère qui l’habillait et tout, c’était vraiment très décalé. Il jouait le rôle de papa, de protecteur. J’ai eu du mal à récupérer mon rôle et à les mettre dans un rapport de grand et de p’tit frère. »
Ressources et contacts autour de la séparatrion
Pour contactez un assistant social :
Contacter l'Assistant social de la Caisse d'allocation familiale (Caf) si vous êtes allocataires non bénéficiaires du RSA, en situation de séparation ?
Les travailleurs sociaux de la Caf vous aide dans vos démarches, vous renseigne sur vos droits liés à leur nouvelle situation et sur la pension alimentaire et les orientent si besoin.
Les rencontres ont lieu au plus proche de votre domicile.
La demande de rendez vous se fait par le parent lui-même à l’accueil Caf ou par la plateforme téléphonique. Dans tous les cas, c'est le travailleur social de la Caf qui reprendra contact avec la famille.
Téléphone : 08 10 25 01 10
Contacter l'Assistant social du département de l'Ain
Vous avez besoin d’informations sur une aide sociale, sur vos droits ou sur des démarches à effectuer ?
Vous voulez obtenir un rendez-vous avec un médecin, une sage-femme, un assistant social, une infirmière-puéricultrice, un éducateur, un psychologue, une conseillère en économie sociale et familiale, un secrétaire d’accueil et un agent d’instruction...
Par téléphone : 30 01 (coût d’un appel local),
Se placer :
Au centre départemental de solidarité (CDS) le plus proche de votre domicile
Prendre contact avec un Centre de planification et d’éducation familiale (CPEF)
En cas de conflit, la médiation familiale
La médiation familiale aide à apaiser la situation de conflit au sein de la famille : en reprenant le dialogue, en aidant à organiser concrètement les droits et devoirs de chacun, sans imposer de solutions et en préservant l’intérêt des enfants.
Elle est accessible aux parents en situation de rupture ou de divorce, aux jeunes adultes en conflit avec leurs parents, aux grands-parents souhaitant garder des liens avec leurs petits-enfants.
Elle est assurée par des professionnels formés. Contribution selon les ressources.
Les conseillers du Centre d’information sur les droits des femmes et des familles de l’Ain (CIDFF)
Le CIDFF propose une information juridique gratuite, neutre et anonyme sur le droit de la famille (divorce, mariage, union libre, succession). Des permanences ont lieu à Amberieu-en-Bugey, Valserhône, Bourg, Belley, Gex, Miribel, Montluel, Nantua, yonnax, St-Genis- Pouilly, St-Maurice-de-Beynost, St-Trivierde- Courtes...
Sur place : 100 place Louis Blériot,Immeuble Saint Exupéry à Bourg-en-Bresse - Comment s'y rendre ? Google Maps
Par Téléphone : 04 74 22 39 64
Par Email : cidff01@cidff01.fr
Site internet : www.cidff01.fr
Les conseillers conjugaux et familiaux
Les conseillers conjugaux et familiaux accompagnent la réflexion des adultes ou ados lors de périodes de crise ou d’étapes difficiles dans la vie de couple ou de famille.
Contact de l'association Couples et Familles de l’Ain
Par téléphone :04 74 32 11 51
Par Email : couplesetfamilles01@gmail.com
Sur place : 100 place Louis Blériot 01000 Bourg-en-Bresse - S'y rendre ? Google Maps
Permanences : mercredi et jeudi.
Contact d'un centre de santé sexuelle (anciennement centre de planification)
Page : Prendre contact avec un centre de santé sexuelle de l'Ain
Contacter l'association nationale des conseillers conjugaux et familiaux (ANCCEF)
Site internet : Trouver un conseiller ANCCEF
L’agence de recouvrement des pensions alimentaires de la Caf de l’Ain
www.pension-alimentaire.caf.fr
vous aide à recouvrer les pensions alimentaires et à faire vos démarches : divorce, les premières démarches, comment faire fixer une pension alimentaire, comment rédiger une convention parentale... Estimation de pension alimentaire.
Maison de Justice et du Droit
Conseils et réponses gratuits aux questions juridiques. À Bourg-en-Bresse avec permanences à Ambérieu-en-Bugey, Bellegarde, Belley, Gex, Montluel, Nantua, Thoissey, Trévoux.
34, Cours Verdun à Bourg-en-Bresse.
Tél : 04 74 14 01 40.
Guide de la co parentalite et de notre ligne stop conflit
La séparation conjugale engendre de grands bouleversements pour les parents et rester parents ensemble dans cette période peut s’avérer difficile et douloureux.
Ce guide en 3 parties aborde : l’autorité parentale et de l’exercice de la parentalité ; les besoins de l’enfant et la responsabilité parentale suite à la séparation ; des conseils pratiques aux parents séparés et des moyens pour les aider en cas de mésentente.
Demander le guide par mail : communication@enfance-et-partage.org
Rester parent après la séparation : Témoignage de Franck et Thierry
Comment conserver ou réinventer son rôle de père et de mère après la séparation du couple?
Comment s'est mise en place la nouvelle organisation ? La séparation a-t-elle eu des répercussions dans votre relation avec vos enfants ?
2 hommes racontent ce qu’ils ont traversé et leur quotidien de père séparé avec de jeunes enfants.
- Franck (prénoms modifiés) a trois enfants de 7, 10 et 12 ans, séparé de leur mère depuis plus de 3 ans.
- Thierry est père de deux enfants de 7 et 9 ans, séparé depuis janvier 2019. L’aîné de la famille est atteint d’une grave maladie.
Comment s'est passés le moment de la séparation ?
Franck :
« Nous étions pacsés. C’est moi qui ai décidé de partir, on ne pouvait plus continuer à se disputer. Rapidement la question de la garde des enfants s’est posée ; on n’était pas d’accord à la base. Il a fallu environ 15 jours pour qu’on s’entende sur la garde alternée. On a cohabité pendant 4 mois avant que je trouve un appartement. »
Thierry :
« Un soir elle m’a dit qu’il fallait qu’on discute. On a posé les choses à plat. C’est vrai que ça ne fonctionnait plus vraiment ; plutôt que se bouffer le nez, autant que chacun reprenne son chemin.
Mais c’est quand même elle qui a pris la décision de quitter le foyer.
On a tout fait à l’amiable, on est en garde alternée. Pour l’instant c’est 15 jours de chaque côté mais on va passer à une semaine parce que ça fait un peu long pour nous et pour les enfants. »
Comment s'est mise en place la nouvelle organisation ?
Franck :
« Au départ ça s’est fait de manière amiable. Avec l’aide de la médiatrice, qu’on rencontrait au moins une fois par mois, on devait arriver à un accord écrit à proposer au juge aux affaires familiales qui validerait ça pour que chacun soit en sécurité. Mais la maman a refusé de signer. Elle préférait qu’on continue à l’amiable.
C’était au 3ème trimestre 2018. En octobre, j’ai reçu la requête qu’elle avait déposée auprès du Jaf en janvier 2018, où elle demandait la garde complète des enfants.
C’est devenu plus frictionnant. Chacun avec notre avocate, on est passés devant le Jaf en janvier 2019 qui a statué pour une garde alternée. J’ai trouvé un autre logement dans le même village.
J’ai eu de la chance ! Les enfants n’étaient pas bouleversés pour l’école.
Côté ressources financières, j’ai mon salaire et l’aide de la Caf. Sans ça, je ne sais pas comment je ferais. Je reçois les allocations familiales et le complément familial et j’en reverse la moitié à la maman.
J’ai aussi l’allocation de rentrée scolaire. Je touche l’APL et récemment la prime d’activité pour compléter mes ressources.
C’est vrai que ça permet de respirer un peu. »
Thierry :
Je viens seulement de retrouver un travail. J’ai passé une période où je m’occupais de notre enfant malade 24 heures sur 24 à la maison, je ne voyais plus que des médecins. Retrouver du travail m’a fait du bien.
Je suis resté dans la maison, mais on l’a mise en vente en février et ça n’aboutit pas. Ça aussi c’est un gros problème. C’était un gouffre déjà à deux mais alors tout seul...
Tout ça, c’est beaucoup de stress.
Avec Pôle Emploi il faut toujours anticiper, c’est compliqué. Par contre pendant la période où j’étais auprès de mon fils à la maison, on a été très bien accompagnés par la Caf et par l’ADMR (association d’aide à domicile). J’étais allé chez l’assistante sociale de la Caf à Pont-de-Vaux.
Elle m’a accompagné dans toutes les démarches administratives, les recherches d’emploi et la garde des enfants. On s’est vus tous les 15 jours pendant 3 à 4 mois. Ça me mettait aussi une motivation supplémentaire pour avancer.
La séparation a-t-elle eu des répercussions dans votre relation avec vos enfants ?
Franck :
Depuis la séparation, les relations avec mes enfants ont gagné en complicité. Ils aiment bien venir. J’avoue que ça m’a rassuré parce qu’on se demande toujours si on fait bien, s’ils ne souffrent pas d’être ballotés d’une semaine à l’autre, est-ce qu’ils ne vont pas réclamer d’aller chez l’autre quand y a des problèmes avec l’un des parents ?
Pour la première rentrée scolaire, la maman voulait venir les préparer alors qu’ils étaient chez moi… J’ai dit non.
J’ai besoin d’être serein avec les enfants et ne pas me sentir envahi. J’ai toujours demandé à ce que chacun soit chez soi et qu’il n’y ait pas d’interférences.
C’est pour ça que je n’appelle pas mes enfants au téléphone.
Ils savent que eux peuvent le faire par contre. J’essaie de préserver mes enfants de mon propre stress ; ça transpire sans s’en rendre compte, les enfants sont des éponges. On a encore des conflits avec leur mère, je sais que c’est lié à notre souci que les enfants soient bien. Je lui ai dit qu’il fallait qu’on se fasse confiance.
Thierry :
J’ai gagné en complicité surtout avec le petit. Plus jeune, il était très centré sur sa maman, je crois qu’en fait je ne m’en occupais pas suffisamment. J’avais un peu de mal à le gérer car il est plus turbulent. Finalement, la maladie de son frère nous a approchés. J’étais à la maison et j’ai pu m’occuper de lui aussi.
Avec le grand, le lien a toujours été très fort. Depuis qu’il est malade, c’est multiplié par dix parce qu’on a vraiment tout traversé. On avait prévu de pas annoncer tout de suite notre séparation aux enfants parce que le grand était malade… En fait, il a compris tout seul, ça m’a fait un choc, je me suis effondré.
La maladie, la séparation, c’est énormément de stress. Du jour au lendemain je me suis retrouvé seul et j’ai dû gérer. Faut se mettre un coup de pied aux fesses et y aller. Mais le fait que la maman quitte le domicile, ça a aussi rendu nos rapports plus sains.
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